Si la production d’énergies renouvelables et l’autoconsommation ne constituent plus une nouveauté en soi, les modèles continuent pourtant d’évoluer. Avec la mise en place d’un système d’autoconsommation collective, USIN poursuit en effet le déploiement d’une stratégie énergétique ambitieuse qui renforce tout à la fois son autonomie, son engagement en faveur de la transition écologique et sa qualité de service auprès de ses locataires industriels. Benjamin Loisel, responsable de SERL Énergies, nous en explique les tenants et aboutissants.
Centrale photovoltaïque installée sur la toiture du bâtiment 2 à USIN
En quoi consiste l’autoconsommation collective ? Quel est l’intérêt par rapport à l’autoconsommation individuelle ?
Benjamin Loisel Dans un cas comme dans l’autre, le principe reste le même : consommer l’énergie que l’on produit. Cela présente l’avantage de pouvoir accéder à une énergie non seulement locale mais aussi renouvelable — issue de la pose de panneaux photovoltaïques — et de réduire les factures d’énergie. La différence de l’autoconsommation collective, par rapport à l’autoconsommation individuelle que l’on connaît tous maintenant, est que l’énergie produite est ensuite répartie entre plusieurs consommateurs, proches géographiquement et raccordés au même réseau.
Il n’y a pas de travaux de raccordement électrique à réaliser entre les installations solaires et les bâtiments desservis : l’électricité transite par le réseau commun du concessionnaire national Enedis, qui comptabilise à chaque instant les électrons produits et ceux qui sont consommés par chacun des locataires. Ce montage permet de trouver plus de débouchés à l’électricité produite, tout en offrant une grande flexibilité aux consommateurs, qui peuvent décider à tout moment de souscrire à l’autoconsommation ou d’en sortir, sans faire de travaux.
L’autoconsommation individuelle ne permet pas cela car elle nécessite un raccordement électrique direct entre producteur et consommateur, elle n’est donc pas réversible et engage le propriétaire sur le temps long.
Comment cela fonctionne-t-il ? Pourquoi avoir choisi ce modèle pour un site comme USIN ?
B.L. Dans le cas de SERL Énergies, nous proposons un modèle basé sur le tiers investissement. C’est-à-dire que nous finançons la mise en place et l’entretien des centrales photovoltaïques, dont nous sommes exploitants et usufruitiers. Les toitures des sites sur lesquels elles sont installées, comme USIN, sont louées par SERL Énergies sur une période de 30 ans. Au-delà, soit le propriétaire du site fait l’acquisition — gratuitement — de la centrale photovoltaïque, soit celle-ci est démantelée à nos frais puis recyclée en France.
Pendant la durée de vie de la centrale, l’énergie produite est répartie entre les différents locataires d’USIN, grâce à une boucle interne. L’énergie produite mais non consommée nous est rachetée par EDF, à un tarif fixe pendant 20 ans, dans le cadre d’un contrat de vente à tarif obligé. Ce montage permet aux locataires d’USIN de bénéficier à la demande de l’électricité produite par les centrales sans investir un euro.
À la clé, il y a évidemment un enjeu d’autonomie énergétique et de réduction de l’impact environnemental du site. Mais avec l’autoconsommation, l’impact est aussi économique, avec la possibilité pour les locataires d’USIN de bénéficier d’un prix d’électricité qui ne variera pas pendant 20 ans. Pour USIN, c’est un enjeu de premier plan vis-à-vis de ses locataires, car cela offre des garanties durables sur les coûts liés à leurs consommations énergétiques. Cela s’inscrit pleinement dans sa stratégie de services.
Quelles installations ont été réalisées à USIN ?
B.L. Depuis février 2024, 2 500 m2 de modules solarisés sont en fonctionnement. Ils sont placés sur les toitures des deux bâtiments neufs créés à USIN. La production annuelle devrait atteindre les 613 MWh. À titre de comparaison, un ménage consomme en moyenne moins de 5 MWh par an ! Deux autres centrales photovoltaïques sont également en préparation sur les projets en cours d’aménagement sur le site. La première prendra place sur le nouveau parking nord, avec 1 092 modules photovoltaïques d’une capacité de production annuelle de 560 MWh. La seconde, sur la toiture du futur bâtiment 1, avec 1 200 modules et une capacité de production annuelle de 613 MWh. Avec ces trois centrales photovoltaïques, la production annuelle totale du site dépassera ainsi les 1 700 MWh.
L’installation des centrales est intégrée dès la conception dans le cas des constructions neuves, ce qui facilite leur déploiement et répond aux exigences réglementaires en vigueur. Mais USIN souhaite dépasser les attentes, par exemple en solarisant les bâtiments plus anciens, qui ont été réhabilités. Les études sont en cours pour voir ce qu’il est possible d’envisager, malgré les contraintes structurelles. Car installer des panneaux solaires sur des bâtiments qui n’ont pas été prévus pour est souvent compliqué. Les structures n’ont pas la capacité de supporter leur poids, par exemple.
Quel regard portez-vous sur l’autoconsommation, telle qu’elle est déployée sur le site ?
B.L. Le premier atout d’USIN est de proposer du bâti industriel neuf, d’être encore en mouvement même s’il est né sur un site industriel préexistant. Si l’aménagement d’USIN s’était concentré uniquement sur la réhabilitation des bâtiments, les possibilités de solarisation auraient été moindres. Un autre avantage de poids pour USIN, c’est qu’il bénéficie d’une vision très favorable aux énergies renouvelables, soutenue par les associés à l’origine du projet. Son actionnaire majoritaire, le Groupe SERL, apporte notamment sa sensibilité d’aménageur et d’urbaniste, et il me semble que cela se ressent dans l’ambition du site sur le volet énergétique et de l’autoconsommation.
Les sites industriels sont généralement exploités par les industriels eux-mêmes, qui sont nombreux à ne pas avoir suffisamment anticipé les problématiques énergétiques. On a pu l’observer en 2022, avec l’explosion des prix de l’énergie : pour beaucoup d’industriels, cela a constitué un électrochoc. USIN a eu cette vision avant. De fait, j’ai le sentiment que le site est assez précurseur et offre, au global, un modèle original — que ce soit dans son projet de maximiser la production d’énergie ou son fonctionnement lié à l’exploitation entre plusieurs locataires.
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